L’actionnariat actif entend peser de tout son poids pour obtenir des impacts positifs en matière sociale, environnementale ou de gouvernance. Certains actionnaires engagés utilisent l’ensemble de leurs prérogatives pour faire changer l’éthique des dirigeants d’entreprises.
Depuis une vingtaine d’années, des actionnaires minoritaires agissent pour influencer positivement le comportement des entreprises, sans perdre de vue la création de valeur.
Les prérogatives de l’actionnaire d’entreprise : percevoir des dividendes et exercer un droit de vote
En achetant une action d’une entreprise, l’investisseur en devient actionnaire. À ce titre, il détient deux types de prérogatives. Il bénéficie d’une prérogative financière, celle de recevoir un dividende. Celui-ci représente sa quote-part dans les bénéfices que l’entreprise décide de distribuer à ses actionnaires.
Il dispose aussi d’un droit politique : celui de prendre part à la vie de l’entreprise en votant aux assemblées générales. Dans la pratique, ces attributions peuvent être modulées. Avec les actions de préférence, par exemple, certains actionnaires pèsent plus que d’autres en bénéficiant d’un vote double. D’autres actionnaires peuvent être privés de droit de vote mais bénéficient d’un dividende majoré. Concrètement, les actionnaires détiennent autant de voix qu’ils possèdent d’actions ouvrant le droit de vote. Le vote peut s’exercer physiquement, à distance ou par procuration.
Les actionnaires actifs influencent les choix éthiques des dirigeants d’entreprises
En assemblée générale (AG), les actionnaires sont invités à approuver les comptes annuels, l’affectation du résultat (fixation du dividende), le choix des administrateurs, les augmentations de capital ou encore la rémunération des dirigeants.
Pour certains actionnaires, le vote n’est plus seulement l’occasion de protéger les intérêts à long terme de l’entreprise et de ses actionnaires. Il est devenu un instrument de pouvoir pour défendre des préoccupations qui dépassent les seuls intérêts financiers. Parmi ces préoccupations, se trouve par exemple la prise en compte des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Ainsi, les actionnaires engagés deviennent un levier pour engager les entreprises vers un capitalisme responsable et un monde plus durable. Ils peuvent agir sur la décarbonation de l’activité, la rémunération des grands patrons, le respect de l’égalité hommes-femmes…
Des fonds d’investissement s’organisent pour conduire les entreprises vers un modèle durable
Proactifs, les actionnaires engagés instaurent un dialogue nourri avec l’entreprise. Toute l’année, ils vont sur le terrain, évaluent les risques ESG de l’entreprise, identifient les enjeux, proposent des solutions et évaluent leur mise en place. Leur objectif est de conduire les dirigeants à prendre les décisions adéquates au regard des enjeux identifiés.
Si les dirigeants refusent de collaborer, l’actionnariat actif peut déposer des propositions, dites résolutions, lors des AG. En outre, par une communication ciblée auprès des autres actionnaires et du public, ils essaient de peser sur le vote des investisseurs. Cette pression est désignée sous le terme de « soft power » (« droit doux »), par opposition à de possibles actions contraignantes.
Ce pouvoir s’organise et prend de l’ampleur par le développement de fonds activistes. Historiquement, ces fonds d’investissements investissent au capital d’entreprises pour agir sur leurs résultats, jusqu’à pouvoir modifier leur cours en Bourse. Aujourd’hui, ils intègrent les objectifs ESG, comme outil de valorisation de l’entreprise, dans leur stratégie. Lorsque les investisseurs institutionnels traditionnels prennent des initiatives pour contraindre les entreprises à changer certains éléments de leur stratégie, on parle d’activisme vert, ou durable.
L’essentiel à retenir
- L’actionnaire actif exerce son droit de vote au cours des assemblées générales.
- Des actionnaires engagés utilisent leurs prérogatives pour agir positivement sur le comportement des entreprises.
- L’activisme durable prend de l’ampleur, à des fins de valorisation de l’entreprise.
Article original sur Terre d’Epargne.