L’inflation a amorcé sa descente et les banques centrales sifflent un air plus joyeux. Malgré la dégringolade de la confiance des ménages et des entreprises, l’activité économique tient bon. Et la réouverture tant attendue de la Chine pourrait permettre à son économie de s’envoler. Les marchés vont-ils confirmer leur récente échappée ? Ou alors vont-ils replier leurs ailes, effrayés par les très médiocres perspectives de bénéfices ?
Chine : virage à 180 degrés
2022, annus horribilis pour l’économie chinoise. L’activité immobilière s’est effondrée. Les promoteurs ont fait face à de grandes difficultés de financement et les ménages, craignant de ne pas être livrés, se sont détournés du secteur. La politique zéro-covid, prolongée au-delà des prévisions les plus pessimistes, a plombé l’activité. La croissance ne devrait donc pas dépasser 3% en 2022, ce qui équivaut pour la Chine à une profonde récession.
Pour autant, nous avons une opinion positive des actions chinoises. Pourquoi ? Fin décembre, le gouvernement a annoncé la fin de la politique zéro-covid. Autrefois qualifiée de pneumonie, la maladie a été renommée infection et depuis le 8 décembre, les contraintes de confinement sont abandonnées pour l’essentiel. Il se peut que le pays connaisse une période un peu chaotique de diffusion du virus, coûteuse pour la population. Mais bientôt, la Chine atteindra une forme d’immunité qui permettra à l’économie de rebondir. De plus, les mesures restrictives liées aux bilans des promoteurs immobiliers semblent en passe d’être levées, au moins temporairement. Enfin, le gouvernement paraît de nouveau plus favorable au développement des plateformes internet, fortement pénalisées depuis 2020 par une salve de réglementations.
En somme, le gouvernement chinois adopte une attitude clairement pro-croissance, en contraste complet avec les politiques récentes. Les actions chinoises, peu chères relativement à leurs concurrentes des pays développés, vont dès lors en bénéficier. En cas de réticence à investir dans les valeurs émergentes, les marques de prestige et le luxe, très dépendants du consommateur chinois, représentent une alternative pertinente.
Des taux longs américains en baisse
L’inflation baisse rapidement aux Etats-Unis. La Réserve fédérale devrait en conséquence modérer drastiquement sa politique. Le plafond des taux directeurs est proche, probablement à 5%, et le resserrement quantitatif sera pratiquement nul en 2023. Il s’agit là aussi d’un renversement par rapport à l’année dernière, qui devrait largement profiter aux marchés obligataires, grands perdants de 2022.
Valeurs de croissance et valeurs défensives
Les valeurs de croissance – technologies et santé par exemple – ont beaucoup souffert de la hausse des taux longs du premier semestre de 2022. Elles sont aujourd’hui revenues à des valorisations proches de leur moyenne historique si on les compare aux secteurs «value».
Compte tenu de la baisse des taux longs que nous anticipons, nous surpondérons ces secteurs. Opinion renforcée par le fait que la croissance sera rare en 2023, année de fort ralentissement, et que les investisseurs seront à la recherche de croissance. Les thèmes de la digitalisation, de la robotique, des énergies propres et de l’environnement devraient donc bien se comporter.
La croissance sera faible en 2023 : l’investissement des entreprises et l’immobilier souffrent de la hausse des rendements, le consommateur a été fragilisé par l’inflation et les Etats soignent leurs budgets après les lourds déficits de la période du covid. En conséquence, nous préférons les secteurs défensifs, dont les modèles d’affaires sont peu sensibles à la croissance.
Le secteur de la santé, à la fois de croissance et défensif, à notre préférence.
Dollar : le roi est nu
Le dollar est très largement survalorisé par rapport à la plupart des monnaies, et notamment l’euro. Or, si la Réserve fédérale devient plus amicale, il reste très probable que la BCE de son côté se montre très sévère. Effectivement, cette dernière est très en retard dans son resserrement, alors qu’elle fait face à une inflation encore élevée. L’euro devrait donc progresser par rapport au dollar en 2023.
De belles perspectives pour les obligations émergentes
Nous recommandons les obligations émergentes en monnaies locales . Les obligations émergentes ont souffert du resserrement monétaire américain. Mais le dollar a commencé son reflux avec l’inflexion du discours de la Fed. Ce qui est très positif pour la classe d’actifs.
De plus, la remontée de l’inflation dans le monde émergent et particulièrement en Amérique du Sud a bien été géré par les banques centrales, les premiers signes de maîtrise de l’inflation apparaissent. Ce qui constitue un signal fort pour investir sur la dette de ces pays.
L’essentiel à retenir
- Préférence pour les actions chinoises.
- Préférence pour les secteurs défensifs et les thèmes de croissance.
- La dette des pays émergents en monnaies locales devrait tirer son épingle du jeu.
Article original sur Terre d’Épargne.