« Y’a d’la joie. » Le CAC s’approche de ses plus hauts, les taux redescendent et les investisseurs ont retrouvé le sourire. Mais seraient-ils dans le déni ? Allons-nous dire comme dans la chanson : « Mais soudain voilà qu’je m’éveille…le ciel est gris» ?
Deux bons chiffres d’inflation aux Etats-Unis ont suffi pour que les investisseurs redeviennent optimistes. L’inflation reste élevée, certes, mais pour les marchés, c’est la tendance qui prime. L’inflation baisse en Europe et aux Etats-Unis et les indicateurs avancés sont bien orientés : les délais de livraison raccourcissent, le prix du fret recule et la demande faiblit. Conséquence, les banques centrales reprennent confiance et infléchissent leur discours. La crainte d’une sévérité excessive des banquiers centraux, à l’image de celle de Paul Volcker il y a un peu plus de quarante ans, s’estompe. Les taux obligataires américains s’effondrent et les valorisations des actions rebondissent.
Prudence sur les actions mondiales
Voilà pour les bonnes nouvelles. Hélas, l’économie mondiale montre de très sérieux signes d’essoufflement. Les enquêtes auprès des entrepreneurs chutent, indiquant un très fort ralentissement aux Etats-Unis et une récession en Europe. Les consommateurs ont perdu du pouvoir d’achat et l’activité immobilière a été fauchée en pleine course par la remontée des taux hypothécaires. Les bénéfices des entreprises sont revus à la baisse, mais pas suffisamment selon nous. En Europe par exemple, nous attendons une chute des bénéfices de l’ordre de 6% en 2023, alors que les analystes escomptent plus de 2% de croissance. L’approche de la prochaine saison des résultats devient périlleuse pour les indices actions, d’autant que le rallye a été particulièrement important. Nous nous attendons donc à des prises de bénéfices sur les bourses mondiales et conservons une allocation prudente en actions.
Biotechnologies
Les révisons à la baisse des bénéfices vont impacter principalement les valeurs les plus sensibles au cycle économique. Nous préférons donc les valeurs défensives, comme la santé. Dans ce secteur, nous apprécions particulièrement les valeurs biotechnologiques. Le découpage génétique CRISPR de la prix Nobel française Emmanuelle Charpentier a permis la mise au point rapide de vaccins contre le covid. Et de nombreux traitements contre le cancer et les maladies orphelines utilisant cette technologie sont désormais à l’étude. La société Krystal Bio parvient à introduire des parties gènes manquants dans un virus. Le virus diffusé via une pommade va se multiplier, s’introduire dans les cellules et déposer le gène qui manque aux personnes atteintes d’épidermolyse bulleuse. Les cellules vont ainsi apprendre à fabriquer le collagène 7 qui manque aux patients et grandement améliorer leur vie. Nos gérants spécialistes en biotechnologies attendent une approbation au cours du premier trimestre de l’année 2023. D’autres progrès, comme celui de l’intelligence artificielle, augurent d’une augmentation rapide des approbations de traitement dans les années futures.
Valeurs de croissance
Le recul de l’inflation et de la croissance sont favorables aux marchés obligataires. Et la baisse des rendements obligataires soutient les valeurs de croissance. Parmi celles-ci, nous apprécions particulièrement les entreprises liées aux énergies propres, car les incendies apocalyptiques et les canicules insupportables nous ont cruellement rappelé l’urgence climatique. Les politiques ont enfin pris la mesure du danger et multiplient les plans de soutien. Par ailleurs, les entreprises du secteur sont de plus en plus compétitives : les coûts de l’énergie solaire et du stockage baissent régulièrement de 10% par an.
L’essentiel à retenir
- Nous restons prudents face aux actions mondiales
- Nous préférons les valeurs défensives et certains secteurs de croissance comme les biotechnologies et les énergies propres.
- Les marchés obligataires devraient continuer de bien se comporter dans les mois qui viennent.
Article original sur Terre d’Epargne.